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Le passé supplémentaire (P. Sevran)

27 Mai 2008 Publié dans #Lectures


Je viens juste d'achever la lecture de ce petit roman écrit par Pascal Sevran (186 pages), publié en 1979 et pour lequel il reçut le prix Roger-Nimier cette même année.

            Disons-le tout de suite, c'est une agréable surprise que ce livre dont l'écriture est légère, souple, pudique mais pas pudibonde (loin de là), teintée d'humour et de convitions et qui se veut une autobiographie plus ou moins imaginaire d'un écrivain qui s'invente un passé triste et attachant pour combler l'insupportable idée de ne pas laisser de traces dans l'histoire.

            D'ailleurs, on a peine à croire que cette autobiographie n'est pas celle de Sevran lui-même, un Sevran qui aurait vécu l'entre-deux-guerres ( "Il est naturel que ce soit une fausse autobiographie qui semble la plus vraie, dit-il, citant Radiguet) et qui y croise les sommités politiques, intellectuelles et artistiques de l'époque (les nommer toutes est impossible tellement elles sont nombreuses) et notamment Cocteau et Emmanuel Berl auquel le livre est dédié; cet Emmanuel Berl, mari de Mireille (celle du Petit Conservatoire) qui fut le mentor de Sevran mais qui fut aussi, notons-le tout de même, l'auteur des fameux discours du Maréchal Pétain sur les mensonges qui ont fait tant de mal et sur la terre qui ne ment pas.

            Le personnage du roman, lui-même, se retrouve avoir des amis de tous les horizons politiques, y compris sous Vichy, et la phrase qui le résume le mieux et qui résume sans doute aussi Sevran lui-même est sans doute celle-ci: " Depuis plus de 20 ans, on avait remué tant d'idées autour de moi. Certaines m'avaient paru séduisantes mais je n'en avais retenu aucune. Je ne m'attachais qu'aux hommes".

            Bien sur, l'homosexualité n'est pas absente de ce livre et on voit même surgir une idée étrange de la part d'un soi-disant neveu d'Esterhazy, celle d'une histoire d'amour qui aurait mal tourné entre l'oncle et le capitaine Dreyfus.

Prochaine lecture: 1940/1945, les années érotiques: Vichy ou les infortunes de la vertu de Patrick Buisson.

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C
Sevran avait une plume. C'est indéniable! Et il aimait Chardonne...Personnage bien plus complexe que le présentateur de "La chance aux chansons". C'était un homme qui s'attachait aux hommes. C'est vrai. On en peut que déplorer ses dérapages de fin de vie! Soit! Paix à son âme défunte.
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H
Ce serait là la vraie sagesse, aimer les hommes malgré et au delà de leurs opinions, en toute impartialité.Mais n'y a t'il pas des opinions qui rendent l'estime impossible ?
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