Guerre et paix
3 Août 2010 Publié dans #Lectures
Résumer Guerre et Paix est une entreprise impossible si ce n'est que Tolstoï nous livre une galerie de personnages qui tous cherchent le sens de la vie, cette grande errance sur la Terre, avec, en prime, une interrogation sur la liberté humaine, ce qui la constitue, ce qui la limite.
De cette réflexion individuelle sur le sens et les limites de l'action humaine sur sa vie personnelle, Tolstoï en vient à une réflexion plus générale sur ce qu'est, ce que devrait être à ses yeux l'Histoire.
A de très nombreuses reprises, il remet en cause le culte des grands hommes, tente de démontrer qu'ils subissent plus qu'ils ne créent les événements et que lorsqu'ils croient les créer, ils ne font, en fait, que se soumettre à un mouvement plus général issu des tréfonds de la population.
Ceci le conduit à la fois à affirmer un certain déterminisme en histoire - certains événements en entraînant fatalement un autre suivant un ordre logique sur lesquels les dirigeants n'ont pas de prise - et à souhaiter que l'histoire s'interroge désormais sur ce qu'est le pouvoir, comment il se forme, comment expliquer que des Hommes se mettent à obéir à d'autres Hommes à tel ou tel instant de l'histoire.
Cependant pleins de bonnes intentions, et même si aucun historien moderne ne peut renier la part de nouveauté encore contenue dans cette réflexion sur l'histoire, il faut noter tout de même, que la vision de Tolstoï n'est pas exempte d'ambiguïté, notamment lorsqu'il traite du personnage de Koutouzov qui tantôt parait subir les événements, se voir attribuer des actes dont il n'est nullement responsable, et tantôt devient ce "grand homme" capable de se conformer, de se plier à l'ordre logique des choses fixé par les événements, de sorte que, rejetant en principe l'idée de "grand homme", il la réintroduit sous la forme de "celui qui sait lire, décoder l'enchaînement logique des faits" et sait s'y conformer et paraître en prendre la tête quand bien même il ne fait que les suivre.
Il n'en reste pas moins que Tolstoï, par là même, annonçait tout un pan nouveau de l'histoire, celui qui par exemple, s'interroge encore aujourd'hui sur les raisons pour lesquels, de 1914 à 1918, les Hommes ont pu tenir, entre consentement et contrainte, parcours individuels, force des solidarités "locales" ..., une histoire presque impossible à faire, sinon à dégager des portraits-types, toujours un peu éloignés du cas de chacun, car, chaque individualité à, en raison même de celle-ci, un parcours personnel qui lui est propre, ses propres raisons d'agir, de subir, d'obéir, etc ... qui ne sont pas avec celles du voisin et qui rendent à jamais cette histoire en partie insaisissable.
Enfin, pour le style, pour l'histoire aussi, on a parfois l'impression, en lisant Guerre et paix, que l'on lit le Stendhal de la Chartreuse de Parme.
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