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Le Titanic a fait naufrage

29 Avril 2012 Publié dans #Quelques événements de 1912

"Hier, en quelques heures, nous apprenions que le Titanic, le plus grand navire du monde, était en détresse ... puis enfin, que l'énorme bateau avait brusquement coulé, entraînant avec lui, sous les icebergs, un nombre de victimes dont on ne précisait pas le chiffre" (Le Gaulois, 17 avril 1912); "Une effroyable catastrophe vient d'atteindre la marine de commerce britannique. Le nombre de morts n'est pas encore exactement connu, mais il est considérable" (Le Temps, 17 avril 1912); "Un effroyable sinistre maritime, le plus grand de tous ceux que l'histoire ait enregistrés, vient de se produire. La paquebot Titanic a sombré, engloutissant avec lui près de quinze cents personnes, passagers ou hommes d'équipages" (L'Humanité, 17 avril 1912)

 

http://upload.wikimedia.org/wikipedia/commons/3/38/RMS_Titanic_4.jpg

Quelle que soit leur sensibilité politique, la tonalité des journaux est unanime et témoigne de la stupeur devant l'ampleur d'une catastrophe sans précédent, d'autant plus que, dans un premier temps, les nouvelles semblaient annoncer que les passagers avaient pu être sauvés.

Selon tous les récits donnés, c'est à 10h25 heure locale, que la station de Cap-Race, à Terre-Neuve, reçoit les appels de détresse du Titanic. Trente minutes plus tard, le navire signalait: "Nous sombrons par l'avant" avant d'annoncer, à 11h36 que l'on faisait monter les femmes et les enfants à bord des embarcations. A minuit pourtant, encore confiant, l'opérateur TSF faisait parvenir aux siens le marconigramme suivant: "Avançons lentement vers Halifax, navire pratiquement insubmersible; ne vous inquiètez pas". Vingt-sept minutes plus tard, les derniers signaux, indéchiffrables, parvenaient du navire. C'est à 2h20 qu'il devait finalement sombrer totalement dans l'océan, après quatre heures d'une longue et interminable agonie.

On devait finalement annoncer, dans la presse, le chiffre de 1432 morts et de 868 vies sauvées.

(NB: cette chronologie et le nombre de victimes sont celles données par les journaux dans les jours qui suivent la catastrophe et diffèrent quelque peu des données actuelles)

 

Pas de polémique non plus, même si certains journaux conservateurs dénoncent les conséquences de la course au gigantisme, ni dans l'annonce d'un nombre de victimes plus important en troisième classe qu'en deuxième et en deuxième qu'en première (un concours de circonstance qui fait qu'elles étaient les plus éloignées de l'endroit où on pouvait rejoindre les canots), ni sur la conception du navire lui-même, ni sur l'absence d'embarcations insuffisantes à bord (la règle de l'époque n'imposait qu'un nombre d'embarcations proportionnelle à 1/3 des passagers); au contraire, on va même jusqu'à saluer parfois, le fait que ce soient des femmes et des enfants qui ont été prioritairement sauvés.

 

Jean Jaurès, dans l'Humanité du 17 avril, y voit même une exaltation supplémentaire pour la science dont il salue l'effort continuel pour conprendre le monde:"Quoique les navires appelés par la télégraphie sans fil au secours du Léviathan blessé soient arrivés trop tard, c'est une magie, la magie de la science, la magie de la pensée, de pouvoir ainsi jeter à l'espace de muets appels de détresse auxquels les coeurs répondent de tout leur élan.

Ah! oui, malgré toutes les forces de la science, l'homme ne domptera jamais toutes les chances mauvaises, comme il ne lui suffira pas d'enchaîner les formules aux formules pour toucher le fond du mystère. Mais la gloire de l'homme est de poursuivre sans peur, jusqu'à l'infini, la conquête des choses. Il en pénétrera d'autant mieux l'âme profonde et le secret intérieur qu'il en aura mieux saisi les rapports (...) Les passagères défaites ne sont qu'une excitation tragique à redoubler d'efforts, à éclairer au loin d'une faisceau plus intense de clarté le trouble océan des choses. Et du gouffre même où le Titanic a sombré monte vers l'avenir une rumeur sublime de courage, d'espérance et de pensée".

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