Un débat médiocre
Le débat de l'entre-deux-tours de cette présidentielle s'est révélée d'une médiocrité affligeante:
- Pujadas et Ferrari ont été absolument mauvais, coupant parfois le débat quand il commençait à enfin devenir intéressant, surtout pressés d'écourter celui-ci et d'aller se coucher au point de faire régulièrement remarquer de façon tout à fait impolie aux candidats qu'il faudrait peut-être qu'on avance, qu'on avait un timing à respecter ... mais incapables de remplir leur vrai rôle de journalistes informés car, dans la bataille de chiffres à laquelle les candidats se sont livrés et impossible à vérifier pour le téléspectateur, il est du devoir impérieux d'un journaliste qui a bossé ses dossiers, de donner l'info vraie et neutre qui permettrait d'en savoir plus. Ils ont manqué à leur rôle de juges de paix.
- les deux candidats ont été très agressifs l'un envers l'autre et si Sarkozy n'a pas manqué plusieurs fois de parler de mensonge et de calomnie en parlant de son adversaire, Hollande n'a pas été en reste, refusant catégoriquement de présenter des excuses à son adversaire pour avoir été comparé à Pétain et Hitler et le rassemblement du Trocadéro au Congrès de Nuremberg alors que, de son côté, Sarkozy avait pris soin de présenter ses excuses à la compagne d'Hollande traînée dans la boue par l'un de ses lieutenants quelques jours auparavant ou reprenant, en creux, l'accusation de président "anormal"
- les deux candidats sont restés dans le flou sur les parties de leur programme qui auraient eu besoin d'être explicitées (par exemple, on ne sait toujours pas où le candidat socialiste va faire des économies pour redresser les comptes et il est resté très vague sur les augmentations d'impôts et de taxes que nous aurons à subir).
Sinon, sur le fond:
- sur les questions budgétaires, nucléaires, européennes, Sarkozy a été bien meilleur qu'Hollande qui, sur ces trois sujets, a montré ses limites réelles et sa méconnaissance de ces questions. De même, Sarkozy a eu beau jeu de montrer une contradiction flagrante dans le discours du candidat socialiste entre "L'Allemagne fait mieux que nous" et son refus d'adopter les solutions allemandes qui sont celles que Sarkozy propose justement de mettre en oeuvre
- sur les questions de moralisation de la vie publique ou d'évolutions institutionnelles, par contre, Hollande a largement dominé, tant il est vrai que dans ce domaine, le bilan de Sarkozy est sans appel.
- sur la question de l'immigration, les deux candidats sont à renvoyer dos à dos: j'ai aussi peu apprécié cette soudaine flambée de haine anti-musulmane de Sarkozy que cette valse-hésitation de Hollande, très flou sur les centres de rétention qui fleure bon l'angélisme bobo de gauche que les Français ne peuvent plus supporter non plus.
Au final, nous avons donc juste le choix entre un président qui n'est simplement plus possible parce qu'il a trop personnalisé le pouvoir et ses excès et respire la haine et un autre qui n'est simplement pas possible parce qu'il a de réelles lacunes dans le secteur de l'économie et du budget, cruciaux en temps de crise.
Mon choix ira cependant à Hollande pour deux raisons, les plus mauvaises du monde:
- par corporatisme: Sarkozy ayant annoncé son intention de faire passer les heures d'enseignement de 18 à 21h, c'est tout simplement annoncer de nouvelles suppressions massives de postes dans l'Education nationale, le mien en particulier - or, je ne suis pas suicidaire
- Hollande maîtrise tellement peu les questions économiques qu'il est le candidat idéal pour permettre enfin de tout faire sauter et d'en finir une bonne fois pour toutes avec ce système politique archaïque et dominé par des bourgeoisies de gauche ou de droite qui, avec la complicité du FN, se refilent le pouvoir à tour de rôle uniquement pour se remplir les poches et placer leurs potes à des postes lucratifs.