Les Bienveillantes (Jonathan Littell)
17 Novembre 2008 Publié dans #Lectures
Je viens d’achever la lecture du Goncourt 2006, les Bienveillantes, de Jonathan Littell, un gros pavé de 1389 pages en éditions folio. Comme on peut trouver sur le net de très nombreuses analyses détaillées de l'oeuvre, je me contenterai de faire un petit sujet rapide dessus pour aller à l'essentiel.
En dépit de tous ces noms de grades, de services allemands divers cités par l’auteur et dans lesquels on se perd vite ou de digressions assez longues, mais pas inintéressantes, sur les peuples du Caucase, Lermontov, etc …, l’écriture est remarquablement fluide et se laisse lire sans déplaisir, même si, souvent on se demande à quoi sert le narrateur dans le texte, en raison de sa passivité totale, hors ses propres interrogations (sur le sens des actions menées, le sens du national-socialisme, la place de l’individu dans le système, sur le droit en temps de guerre, sur l’homosexualité, …).
L’histoire en elle-même, raconte le destin d’un certain Maximilian Aue, officier SS, durant le second conflit mondial. A la fois homme banal (il est surtout un témoin passif qui démontre tragiquement l’absurdité de la vie en elle-même) et singulier (cultivé, à tendances homosexuelles, amoureux incestueux de sa sœur jumelle, obsédé par l’absence de son père dont la trace a été perdue, violemment hostile à sa mère et à son beau-père – les a-t-il tués d’ailleurs ?-), il se débat dans ses propres méandres et cauchemars personnels à travers un régime où, malgré les apparences, règne un sable mouvant permanent, où la « banalité du mal » pour reprendre le concept d’Hannah Arendt, s’installe et où les dérèglements progressifs de l’auteur, au point de sombrer dans une demi-folie permanente, accompagnent les dérèglements du système.
C’est comme s’il portait non seulement en soi le poids de son propre passé mais aussi le destin de l’Allemagne et qu’il somatisait en diarrhées, vomissements, cauchemars et rêves érotiques, etc … les événements auxquels il assiste, le point final en étant sans doute la « brutalization » de l’individu à laquelle aboutit la guerre et qui atteint peut-être son sommet dans le meurtre final dont la clé n’est pas si aisée à comprendre (personnellement, plusieurs interprétations se sont imposées à moi , même si je penche pour la révélation qu’il a sans doute tué ses mère et beau-père puisque la dernière phrases du livre fait référence aux Bienveillantes qui ont retrouvé sa trace –on appelle par euphémisme Bienveillantes les déesses vengeresses qui persécutaient les hommes coupables de parricide ou matricide, le pire des crimes dans la Grèce antique).
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