Qu'en fait-on de cette Madeleine?
Le moins que l'on puisse dire, c'est que l'Eglise de la Madeleine posa bien des problèmes à ceux qui en héritèrent.
En effet, sous l'influence de la croissance de la population dans cette zone, décision est prise de remplacer la vieille église construite au XVè siècle, devenue trop petite, par un édifice nouveau construit dans le secteur de la Place Louis XV que Gabriel est en train d'aménager.
L'architecte Pierre Contant d'Ivry propose un projet de construction en forme de croix latine surmonté d'un petit dôme dont la première pierre est posée en 1763, mais, lorsqu'il meurt en 1777, seules les fondations ont été creusées et une partie du soubassement érigé.
Le projet est alors repris par Guillaume-Martin Couture qui, voulant s'inspirer de l'Eglise Ste-Geneviève que Soufflot construisait au même moment, modifie les plans initiaux pour proposer un édifice en forme de croix grecque surmonté d'un dôme plus imposant et précédé d'un portique de style corinthien. Celui-ci s'élevait déjà à hauteur de chapiteau quand la révolution vint mettre fin aux travaux.
Divers projets nouveaux fleurissent alors: l'intégrer dans un vaste ensemble où s'installerait la Convention Nationale, y mettre la Bibliothèque Nationale, en faire un opéra ...
En 1806, Napoléon est tenté d'y construire un complexe regroupant la bourse, le Tribunal de commerce et la Banque de France avant de décider, le 2 décembre 1806, d'en faire un Temple à la gloire des armées françaises.
L'architecte Pierre-Alexandre Vignon est chargé du projet, fait démolir ce qui a été déjà édifié et propose, en remplacement, un temple périptère inspiré de l'Antiquité gréco-latine, quand, en 1812, changeant d'idée, Napoléon décide d'en faire, finalement .... une église !
La restauration fait poursuivre les travaux avec l'idée, caressée un moment, d'en faire un monument expiatoire à la mémoire de Louis XVI et des victimes de la Révolution, avant de se contenter d'une simple chapelle, construite à proximité pour cet usage. Bien que Vignon meurre en 1828, les travaux continuent sous son successeur, Jacques-Marie Huvé. Un moment interrompus par le nouveau roi Louis-Philippe qui songea à en faire .... une gare! pour accueillir la première ligne de chemin de fer entre Paris et Saint-Germain , les travaux reprirent et on se résigna à en faire une église paroissiale qui fut achevée en 1842.
La conception intérieure de La Madeleine rappelle les volumes intérieurs des édifices antiques, notamment ceux des salles des thermes romains. Les trois travées carrées de la nef, encadrées de deux demi travées, sont couvertes de coupoles surbaissées à caissons qui dispensent un faible éclairage zénithal, comme au Panthéon de Rome.
Ce que l'on sait moins, c'est que les grands noms de l'époque romantique collaborèrent à la décoration de ce monument, dont une cinquantaine de sculpteurs; on peut citer notamment:
- le fronton représentant Ste-Marie-Madeleine dans l'attente du Jugement Dernier, agenouillée dans l'attente du Pardon, dû à Lemaire:
- Ziegler peignit, à l'abside, les grands souverains français participant au Triomphe du christianisme:
- Marochetti fit la statue de Marie-Madeleine au maître-autel:
- Triqueti réalisa les portes en bronze du sanctuaire, illustrant les Dix Commandements:
- François Rude sculpta le Baptême du Christ:
- Jacques Pradier réalisa, lui, le mariage de la Vierge:
Enfin, il existe une autre sorte de madeleine, celle de Proust, que je dédie à Pink; puisse-t-elle l' éveiller à la vie d'avant.
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