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Louis XIIII (Jean-Christian Petitfils)

3 Avril 2010 Publié dans #Lectures

http://www.herodote.net/Images/livPetitfils.jpg

La biographie que Jean-Christian Petitfils a publiée en 2009 sur le roi Louis XIII n'apporte pas de révélations fracassantes à l'historien que je suis, et sans doute peu au grand public, à moins qu'il n'ait conservé en mémoire la vision qu'en avait Alexandre Dumas, par exemple.

Bien que très marquée du sceau de la chronologie à cause d'un règne riche en événements, cette biographie reste néanmoins agréable par le style d'écriture qui se laisse lire sans déplaisir et par les petites interruptions de récit, plutôt habillement glissées aux bons endroits, pour éclairer tel ou tel personnage ou aspect de la personnalité de tel ou tel protagoniste. Ainsi en va-t-il, par exemple, du chapitre qui rompt le récit pour nous présenter les goûts artistiques du souverain et de son époque.


Souverain complexe que Louis XIII, à la fois très sourcilleux sur le respect dû à son autorité, mais sujet à des sautes d'humeur imprévisibles parfois liées d'ailleurs à la maladie qui le tenaille sans cesse - aussi bien physique que psychosomatique - et à une timidité naturelle qu'un bégaiement précose ne fait qu'accentuer.

Il est vrai que, méprisé et tenu pour quantité négligeable durant son enfance par une mère, Marie de Médicis, qui a pris goût au pouvoir et qui est soutenue par la faction des dévôts, partisans d'une politique d'apaisement et de rapprochement avec les monarchies catholiques d'Europe, Espagne et Saint-Empire habsbourgs en tête, sous prétexte de lutte contre l'hérésie protestante, Louis XIII n'a eu de cesse que de se battre pour s'affirmer et se faire reconnaître, jusqu'à recourir à l'assassinat politique de Concini, en 1617, et même longtemps après pour déjouer les coalitions de certains Grands, de sa propre mère, de son frère, l'inconstant et écervelé Gaston, homme de tous les complots, d'autant plus dangereux qu'il reste jusqu'en 1638, l'héritier du roi, de sa propre femme, la future régente Anne d'Autriche, et des protestants contre lesquels il soutint le dur siège de La Rochelle avant de leur accorder la liberté de conscience par l'Edit de grâce d'Alès de 1629.


Pour rompre sa solitude qui reste le vrai drame de sa vie, le monarque ne s'entoura pas moins de personnages de qualité variable et notamment de favoris pour lesquels il ressentait une attirance trouble mais certaine que sa grande piété et son aversion du péché interdisaient d'explorer plus avant - Luynes, Baradas, St-Simon, le père du mémorialiste, Cinq-Mars ... - certains placés là par le cardinal de Richelieu qui, en la matière commettait, il faut bien le dire, des bourdes énormes parfois - auxquels il accordait une confiance excessive qui ne se fit pas sans quelques drames et moult favoritismes qui constituent l'une des failles du système clientéliste d'une époque à cheval entre un Etat moderne en gestation et une époque féodale qui n'en finissait pas de mourir.


Richelieu qui fut l'homme principal du règne de Louis XIII et, comme son maître et souverain, une sorte de grand malade perpétuel où la part de psychosomatique compte autant que d'autres maux plus réels, voire les provoque, fut loin de détenir avec autant de facilité le pouvoir qu'on lui attribue généralement.

S'il arrive à placer les siens, comme tout homme à clientèle de l'époque, à des postes importants, s'il jouit jusqu'à un certain point de la confiance du souverain et d'un pouvoir immense, au moins jusqu'en 1635/36, s'il sert de fusible et concentre sur lui toutes les rancoeurs de la population et des Grands contre une politique anti-habsbourgeoise qui conduit à la guerre, à une hausse sérieuse de la fiscalité et à une misère qui gagne considérablement les provinces du royaume au point de susciter de très nombreuses révoltes, il n'en reste pas moins que l'ombrageux monarque est loin de suivre toutes les recommandations de son principal ministre et que, progressivement, leurs relations se dégradent, notamment à partir du moment où, la guerre ouverte avec les Hasbourgs étant déclarée, Louis XIII s'aperçoit de l'état d'incurie dans lequel est son armée - ce qui devait fatalement entraîner les premières défaites - toutes choses dont il soupçonne le Cardinal d'être responsable.

Dès lors, le roi supporte mal l'indispensable ministre, dont il ne peut pourtant se débarrasser faute de connaître un remplaçant aussi capable que ce dernier de débrouiller ses affaires, tandis que, de son côté, Richelieu ne cesse de renforcer sa surveillance et son espionnage autour d'un souverain duquel il écarte impitoyablement tout ce lui qui semble, de près ou de loin, constituer une menace pour sa place, tant est forte sa peur d'être disgrâcié, quitte à jouer avec le feu en installant auprès du roi des personnes comme Cinq-Mars, par exemple, dont Louis XIII s'éprit fortement et  qui devint l'une des âmes d'un complot anti-Richelieu ! ou comme les deux maîtresses royales Marie de Hautefort et Louise de La Fayette, ce qui, bien entendu, ne pouvait que contribuer, et à renforcer la solitude royale, et à énerver encore un peu plus leur relation.

Pourtant, le Cardinal mort en 1642, le roi, déjà bien malade lui-même, ne put que confier la succession politique du défunt à Mazarin, avant de s'éteindre lui-même, quelques mois plus tard, laissant un dauphin de cinq ans et une régente aux sentiments pro-français sur lesquels il pouvait avoir légitimement quelques doutes au vu de son attitude durant tout le règne de son mari.


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