Louis XVIII (Evelyne Lever)

28 Octobre 2009 Publié dans #Lectures

Même si la première édition date de 1988, la biographie qu'Evelyne Lever consacre au personnage de Louis XVIII, frère de Louis XVI qui monta sur le trône en 1814 après la première abdication de Napoléon puis en 1815, après la défaite de Waterloo, elle n'en reste pas moins utile pour cerner la personnalité d'un individu à la fois politique, ambitieux, prudent mais conscient, en toute circonstance du symbole qu'il représente au-delà de sa propre personne, ce qui l'aida à ne jamais abdiquer face à l'adversité dans les pires moments de son exil, lorsqu'il était abandonné de toutes les cours européennes.

Personnage fort complexe d'ailleurs, irrité de n'être pas l'aîné alors qu'il se juge beaucoup plus mur intellectuellement que Louis XVI pour diriger la France, volontiers libertin, grivois et doté d'une maîtresse officielle, Madame de Balbi, pour mieux dissimuler l'échec de son mariage dû à son impuissance, ayant des rapports plus que tendus avec son épouse, une princesse savoyarde qui est la risée de la Cour à cause de sa prétendue laideur et ladrerie, laquelle se réfugie de plus en plus dans l'alcool avant de trouver du réconfort dans les bras de Madame de Gourbillon, sa lectrice, qui fut chassée de la Cour en 1789 mais que la princesse n'eut de cesse de retrouver à travers l'Europe durant l'exil, volontiers conservateur et réactionnaire, notamment sous l'influence de son favori, le comte d'Avaray, qui meurt en 1810, accordant en 1814 une Charte constitutionnelle dont il se méfie pourtant, et ne se convertissant à une lecture plus "parlementaire" de celle-ci qu'à partir du moment où son chemin croise celui du futur duc Decazes qu'il va finir par considérer comme son propre fils, ce dont témoignent encore les lettres du souverain à celui-ci ou à sa femme, comme s'il avait voulu conjurer par là, le sort et la solitude qui encadrent ceux qui détiennent le pouvoir.

Il fut le dernier roi de France à mourir sur son trône et à être enterré à Saint-Denis, malgré les dernières années difficiles de son règne dues à la maladie qui devait le voir "pourrir" rongé par la gangrène et l'abdication virtuelle qui fut la sienne à partir de l'assassinat du duc de Berry, son neveu, qui amena au pouvoir les ultras dont son frère, le comte d'Artois, futur Charles X, était le chef naturel.