Journalistes, juges, à quoi jouez-vous ?
Nous sommes à J - 48 jours seulement des élections présidentielles, mais à cause de vous, journalistes et juges, la campagne n'a toujours pas démarré. Vous avez décidé d'empêcher toute campagne électorale parce que vous ne voulez pas que l'on puisse entendre et que puissent être confrontés les programmes parce que, ultra-favorables au maintien du statu quo d'une monde ultra-libéral, à l'UE telle qu'elle existe, à la politique de la porte-ouverte à toutes les misères du monde et aux délocalisations, vous n'avez peur que d'une chose: qu'une vraie campagne ait lieu et qu'elle renvoie à la maison les candidats de votre monde.
Déjà Valls, Juppé, Sarkozy, tous les candidats que vous souteniez ont été renvoyés chez eux. Désormais vous ne craignez plus qu'une chose, c'est qu'elle n'emporte aussi votre dernier espoir et qu'une coalition, aussi hétéroclite qu'elle soit, ne fasse mordre la poussière à votre si beau monde.
Alors, vous avez décidé, vous juges, non pas de faire votre travail, comme vous le prétendez, mais de faire preuve d'une étonnante diligence dans le traitement d'affaires ouvertes depuis des lustres ou d'une véritable frénésie d'enquête alors que, dans d'autres affaires, des justiciables ordinaires attendent parfois jusqu'à une dizaine d'années pour obtenir justice quand ce n'est pas, comme dans l'affaire des attentats de Nice, un rapide classement sans suite totalement honteux, malgré les multiples défaillances de la sécurité sur place le 14 juillet, que ce soit de la part de la ville ou de l'Etat. Les familles, les amis, devront s'en contenter.
Justice, personne n'est dupe de ton manège ! Tu as choisi de pervertir l'élection présidentielle pour te transformer en machine à éliminer tous les candidats qui ne te plaisent pas alors que ce rôle appartient aux Français via leurs bulletins de vote. Les affaires ne sont qu'un prétexte commode. Le problème, c'est que tu entraînes avec toi toute la 5ème République dans l'abîme et l'agonie alors qu'il n'y a ni René Coty à l'Elysée, ni de Gaulle capables, comme après le 13 mai 1958, de rétablir la République sur ses bases.
Et vous, journalistes ! Qui nous fera croire que les développements de l'affaire Fillon vous empêchent, en parallèle, de consacrer du temps aux programmes des candidats ? Absolument personne ! Là aussi, je ne serai pas votre dupe. Vous censurez certains candidats dont vous ne parlez jamais, y compris Hamon ! Vous ne traitez pas des programmes parce jusqu'ici votre favori, Macron, n'en n'avait pas. Vous n'aviez donc rien à proposer aux Français. Et, depuis qu'il l'a produit, c'est encore pire ! Conscients de ce qu'ils conserve de hollandisme et de sarkozisme, vous ne voulez absolument pas que le grand public en prenne conscience par peur de sa colère. Aussi, vous continuez à nous cacher les programmes et nous amuser avec des écrans de fumée quand vous ne minimisez pas, tout simplement, les déclarations absolument scandaleuses du même Macron qui estime que la République s'est déshonorée quand elle a combattu contre la Manif pour tous ou quand son programme propose d'utiliser de façon plus courante le vote en urgence à l'Assemblée pour faire passer les lois ! Piètres démocrates !
Juges, journalistes, la Troisième force, cette conjonction des centres qui a vos faveurs de toute éternité, qui depuis 40 ans a été incapable de sortir la France de la merde, qui fout les ouvriers au chômage par centaines sans aucune émotion après les avoir pressurés comme des citrons (travail du dimanche, travailler plus pour gagner moins, etc..) après les avoir mis en concurrence avec les travailleurs détachés ou les ouvriers polonais et dont Macron est l'ultime avatar, cette alliance des libéraux et des conservateurs renouée en 1969 par l'alliance entre Giscard et Pompidou et devenue le giscardo-pompidolisme, cette citadelle assiégée, vous avez décidé, alors qu'elle entre à nouveau en agonie, de la soutenir envers et contre tous et toutes quitte à nous précipiter dans la guerre civile ! Prenez garde, car les rancoeurs que vous allez semer, quel que soit le résultat des élections, quel que soit l'élu, ne disparaitront pas !