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Et la Vème République a mouru

16 Avril 2023 Publié dans #C'est juste mon avis

J'ai peu écrit sous le premier mandat d'Emmanuel Macron parce que j'avais déjà tout dit avant son élection et surtout dans un article (ici) qui reste largement valable encore aujourd'hui sur sa façon de gouverner et de voir les choses d'autant plus qu'il y a désormais un certain danger à écrire sous son règne où la liberté d'expression est de moins en moins admise.

On pouvait donc évidemment craindre le pire pour son deuxième mandat, d'autant plus que tous les présidents qui ont fait un deuxième mandat ont tous fait des mandats calamiteux (Lebrun, de Gaulle, Mitterrand, Chirac) nonobstant l'imbécile Mélenchon qui se voyait déjà le mettre sous tutelle !

Ce pire, il n'a même pas fallu un an pour qu'il s'impose car, quoique battu aux Législatives par l'abstention et par l'absence de majorité absolue, il n'a toujours pas admis cette raclée. Ainsi, là où un président de la IIIème ou de la IVème République ou même un de Gaulle ou un Mitterrand auraient joué le rôle d'arbitre constitutionnel et nommé un premier ministre issu d'autres rangs que leur parti pour créer une majorité - Un Modem, par exemple, qui aurait pu créer une majorité regroupant des socialistes hostiles à la Nupes, le Modem, les centristes indépendants, les macronistes et une partie des Républicains -, ne serait-ce que pour lever des hypothèques, il a continué à régner en monarque absolu, droit dans ses bottes, convaincu que SON programme avait été approuvé par les Français et était le seul valable à l'exclusion de tout autre. Lui seul comprend, lui seul sait, lui seul est dans la Vérité, lui seul est infaillible !

La catastrophe n'a pas manqué. Tel un bulldozer écrasant tout sur son passage, il a usé de la plus extrême brutalité et de la plus extrême violence pour imposer par l'ensemble des moyens les plus réactionnaires inscrits dans la Constitution, une réforme non-urgente en fermant toutes les portes à d'autres solutions alternatives et réalistes pour parvenir au même but de façon plus équilibrée. Tel Bonaparte forçant les portes du Conseil des Cinq-Cents, il s'est cru autorisé à violenter les Français, les syndicats, les manifestants dont on ne sait plus très bien s'il ne les prend pas tous pour des factieux - un terme tiré tout droit du référentiel bonapartiste et de l'extrême-droite.

Sauf que ce "coup d'Etat" permanent dont Emmanuel Macron à coups de 47.1, 49.3 et tutti quanti est adepte depuis sa réélection a eu, cette fois-ci, des effets ultra-ravageurs car il a sans doute définitivement tué la Vème République qui était déjà bien branlante depuis la réforme de 2000. Il a traité les Assemblées comme Napoléon a traité les siennes sous le Consulat et l'Empire, il les a bafouées comme jamais, il a bien fait comprendre, avec la complicité de ses députés playmobils, que ces gens-là étaient des inutiles qui n'étaient là que pour lui faire perdre du temps... Seules 8 petites voix et l'idéologie sectaire des Mélenchonistes qui ont préféré sauver Macron que de voter la motion référendaire du RN sous prétexte que ce n'était pas celle qu'ils avaient déposé, lui ont sauvé la peau.

Mais la Vème République, elle, vient de trépasser définitivement. Ce président du chaos, qui ne vit que par et pour le chaos, vient de foutre en l'air nos institutions par un usage inconsidéré de ses articles les plus réactionnaires. Qui voudrait encore conserver une constitution qui permet à un président d'être aussi brutal et aussi dangereux et d'être si peu différent d'un Trump ou d'un Bolsonaro ?

Le pire, c'est sans doute la servilité du Conseil constitutionnel. Il est vrai que sa composition où ne figure même plus aucun juriste constitutionnel, n'incitait guère à l'espoir mais, ce qui est dramatique, c'est qu'il n'ont même pas levé le petit doigt pour défendre la Constitution dont ils sont pourtant les garants. C'était leur rôle d'en dénoncer les dérives autoritaires et de retoquer la réforme. Ils n'en n'ont même pas été capables. Au contraire, ils ont préféré sauver un homme seul, isolé, enfermé dans son bunker élyséen plutôt que les institutions dont ils sont les gardiens. Personne n'oubliera que les Fabius*, Juppé et autres Gourault auront tué la Vème République de concert avec Emmanuel Macron.

* Addendum : certaines informations qui ont filtré dans la presse indiquent que, finalement, Laurent Fabius aurait été le seul à s'opposer à la validation des procédures utilisées par Macron pour faire passer cette réforme.

 

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