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La Fureur de vivre

27 Août 2007 Publié dans #Cinéma d'hier et d'aujourd'hui

Voila quelques temps que je l'ai revisionné, mais je n'avais pas encore eu le courage de rédiger l'article correspondant bien que je l'avais annoncé en un post précédent.

La Fureur de vivre (Rebel Without a Cause), est un film réalisé par Nicholas Ray, réalisé en 1955 et sorti en 1956, après la mort de James Dean (Jim Stark dans le film) dont il allait assurer la consécration post-mortem.

Comme d'autres films de l'époque, l'Equipée sauvage (avec Brando), en 1954, ou Graine de violence (avec Sidney Poitier et Glenn Ford), en 1955, le but premier de ce film est de se pencher sur la "rébellion" de la jeunesse américaine des années Eisenhower contre les normes en vigueur.
Ainsi, Ray met en avant ce qui lui semble primordial, le refus de la jeunesse de se fondre dans les moules, le cadre et la morale hérités de leurs parents et qui sont, pour partie, hérités des années de guerre. D'une certaine manière, cette génération nouvelle semble réclamer à son aînée un certain "parler vrai", refuser les faux-semblants qui sauvent les apparences (cf. l'attitude de la mère et de la grand-mère de Jim pour tenter de donner une excuse à son ivresse, le père qui refuse d'affronter sa femme pour faire croire à une situation "normale", le père de Judy (Nathaly Wood) qui refuse de l'embrasser sous prétexte qu'elle a grandi et la giffle parce qu'elle "viole" les normes sociales de l'époque).
Elle semble aussi lui réclamer de donner sens à sa vie, mais, noyée dans son conformisme, elle est incapable de le lui fournir, comme si les héros étaient morts à la guerre et n'avaient accouché que de personnages sans saveur et sans couleur.
Fatalement, ce que cette jeunesse ne trouve pas auprès de ses aînés, elle le cherche entre elle, au hasard des rencontres qui la fait s'agréger en bandes où la licence et la prise de risque deviennent la règle pour mieux défier les normes sociales, jusqu'à basculer dans la délinquance ou l'absurde dans une sorte de fureur de vivre où la mort se trouve au bout d'une course de voiture vers l'abîme (et c'est là où, pour une fois, le choix du titre français me semble pertinent) ou, au contraire s'allier à d'autres solitudes (telle est la "démarche" de Platon interprété par Sal Mineo et sa relation équivoque avec Jim à laquelle renvoie la première scène du film, improvisée par James Dean et intégrée au film par Ray).

Et justement, plus qu'un film sur la délinquance juvénile (à cet égard, par exemple, Graine de violence est plus percutant, à mon avis), c'est d'abord l'absurdité de la vie et la difficulté de lui donner un sens que met en scène Nicholas Ray, à mon sens.
Dès lors, tout ce joue comme dans une pièce antique où la fatalité entraîne les personnages qui passent du monde du rêve et de l'idéalisme (la maison abandonnée, sorte de palais de la belle au bois dormant) à l'épisode où Platon finit par perdre la raison devant le vertige, inadmissible pour lui, du sentiment d'abandon que la solitude humaine laisse à chaque homme confronté à son destin.
Sentiment d'abandon et solitude face à l'absurdité de la vie d'autant plus grands que c'est aussi à une impression de vide sentimental qu'il est confronté quand il se réveille seul alors que Jim et Judy se sont échappés à part dans une chambre qui cache une union charnelle symbolique qu'il ne peut supporter, lui qui cherchait en Jim non seulement un père, mais un amant (On ne peut que regretter, à cet égard, que la scène prévue au scénario original, où Jim et Platon s'embrassent, ait été censurée).
Il finit donc en victime sacrificielle de son amour sur les marches de l'Observatoire,  ayant perdu le dernier lien qui donnait sens à son existence, pour que puisse vivre le couple Jim/Judy.

Il est à noter aussi que Ray souhaitait réaliser ce film en noir et blanc parce qu'il pensait que cela donnerait plus de poids à son film, mais il dut s'incliner devant les clauses du contrat qu'il avait signé.
Illustrer l'absurdité de la vie et la difficulté de lui donner un sens, tel est le sens que je donne à ce film, bien au dela de la simple peinture de la crise de génération.

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