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La Môme

28 Août 2007 Publié dans #Cinéma d'hier et d'aujourd'hui

Ce film que je n'avais pas vu en salle étant sorti en DVD ces jours-ci, j'ai donc, tout naturellement voulu voir ce film d'Olivier Dahan qui fit un énorme succès en salle.
Je dois dire, après l'avoir visionné ce matin même, que mon avis est plus que mitigé, pour ne pas dire très négatif, en fait. Attention, je vous préviens, j'ai la dent dure dans ce qui suit.

Je vais d'ailleurs commencer cet article par quelques ras-le-bol:

- ras-le-bol de ces réalisateurs qui ne savent plus filmer que le noir, le sombre et la pénombre, à croire que la lumière leur fait peur ou qu'ils sont incompétents pour la filmer; dans ce cas, on ne saurait trop leur conseiller de filmer en noir et blanc, leur travail y gagnerait certainement en qualité
- ras-le-bol de ces réalisateurs qui, sous prétexte de vouloir coller à la réalité vous "fichent" dans leur film des "soi-disant' couleur d'époque: ainsi a-t-on droit à une vision autochromnique du Belleville des années 20/30, comme si un bleu délavé 1920 ne devait absolument pas ressembler à un bleu délavé 2007 (quelle connerie!) ou à des couleurs cinémascope années 50 pour cette période. En plus, Dahan a oublié que les autochromes étant des photos  couleur sur plaques de verre, il fallait peut-être imaginer la lumière qui les éclaire
- ras-le-bol de ces réalisateurs qui vous collent des images de synthèse qui sonnent faux tellement elles sont visibles.

Pour le reste, je n'ai pas été emballé non plus par le jeu de Marion Cotillard, un peu trop évanescente à mon goût et qui n'arrive pas à donner de l'épaisseur à son personnage bien qu'elle cherche à compenser en en faisant  des tonnes, au point que ce n'est pas Piaf qu'elle incarne, mais une caricature de Piaf tant dans les gestes (au risque d'en être ridicule) que dans la gouaille (qu'elle reproduit mal, d'ailleurs, en ayant la vulgarité sans avoir le talent que Piaf avait pour le faire) ou lorsqu'elle doit incarner le côté "saleté" de Piaf ( hé oui, Piaf fut parfois une vraie saleté dans la vie) où elle manque de mordant.
Bref, dépassée par son rôle.

Il faut dire, à sa décharge, qu'elle n'est pas aidée par le scénario, juxtaposition de scènes de quelques épisodes de la vie de Piaf, où le spectateur est parfois transformé en simple voyeuriste qui se demande d'ailleurs ce qu'il peut bien y avoir à voir alors que, précisément, il attend quelque chose qui ne vient pas. On a parfois un peu l'impression d'une collection d'images juxtaposées, tirées de quelque Martine pauvre, miséreuse et désargentée: Martinee élevée au bordel, Martine tombe aveugle, Martine prie Sainte-Thérèse et recouvre la vue, Martine se saoûle avec sa copine dans la rue ... qu'on lui met sous les yeux comme pour lui dire: " Regarde!". Je crois, qu'en fait, Dahan n'a pas su faire dire quelque chose à ces scènes qui restent bien formelles et convenues, trop académiques peut-être, froides, sans saveur; en tout cas, il n'a pas réussi à y faire entrer le spectateur que j'étais.
Il a raté la peinture de la première partie de la vie de Piaf, faute d'avoir su s'y prendre, dépassé, écrasé par le mythe Piaf; c'est potentiellement grave, dans la mesure où le film, qui ne retrace pas la totalité de la vie de l'artiste mais s'arrête presque en 1949 avec la mort de Cerdan, prétendait montrer d'où venait Piaf et ce qui a fait qu'elle était celle qu'elle est devenue.

Si j'avais eu à réaliser un tel film, je serais tout simplement pari du "tournant" de 1934 pour faire un retour en arrière dans une sorte de récit que Piaf aurait pu faire et qu'il eût suffi de mettre en situation (ce qui eût aussi permis d'avoir le sentiment de Piaf sur les personnes qu'elle avait pu croiser ou sur ce qu'elle avait vécu), puis, ensuite, j'aurais déroulé l'ascension vers la gloire et la longue déchéance finale, avec, en contrepoint, la propre vision de Piaf sur sa vie.
Bref, tout ce que Dahan ne fait pas.

Pour faire court, ce n'est pas un film qu'il est indispensable d'avoir vu.

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