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Le vieil homme et l'enfant

25 Mars 2008 Publié dans #Cinéma d'hier et d'aujourd'hui

Tous les enfants de ma génération se souviennent d’avoir vu, soit à la télé, soit à l’école sur un grand écran blanc, et même sûrement plusieurs fois, ce film sorti en 1967 et qui fut le premier film tourné par Claude Berri et inspiré de sa propre histoire avec, dans le rôle du vieil homme, Michel Simon et dans celui de l’enfant, Alain Cohen.

 

Nous sommes en 1943, Claude (Alain Cohen) a huit ans ; il est juif. Seulement, il est insouciant du danger, malgré les tentatives du père pour lui expliquer la situation.

 Ses gaffes, ses bêtises et ses maladresses qui sont celles d’un enfant de son âge, obligent ses parents à déménager régulièrement puis, par sûreté pour leur vie aussi bien que pour la sienne, à l’expédier à la campagne où il est accueilli par un couple de vieillards, Pépé (Michel Simon) et Mémé (Luce Fabiole).

Pépé est un ancien de la Grande Guerre, fervent admirateur du Maréchal, antisémite, fan des éditos radiophoniques de Philippe Henriot et ennemi du Front Populaire ; sa seule consolation dans sa vie est son chien, Kinou, âgé de 15 ans et qui, symboliquement, meurt le 6 juin 1944 (A l’époque, cette scène me faisait toujours venir quelques larmes, pfff).

Pourtant, sans savoir que l’enfant est juif, Pépé va retrouver une seconde jeunesse à son contact (jouant au bolchevik avec un couteau entre les dents, chantant « le pinard, c’est de la vinasse » ...), comme si l’enfant lui faisait oublier le temps qui a passé, comme s’il lui donnait le sentiment d’être à nouveau utile, un sens à sa vie.

L’enfant lui, bien que victime de la vindicte « anti-parisienne » de ses camarades, se sent plus libre à la campagne et découvre une autre facette de la vie au contact du vieillard.

L’antisémitisme devient, lui-même, un sujet de terreur, un « jeu » auxquels les deux se livrent et les remarques « naïves » de l’enfant ne sont pas sans faire évoluer Pépé qui, à la fin du film, tout en reconnaissant qu’il n’y comprend plus rien au monde, affirme que les Juifs, finalement, ce sont des gens comme les autres.

Est-il, d’ailleurs, jamais dupe de lui-même, ce vieillard qui écoute en cachette la BBC sous prétexte de savoir quels bobards les alliés vont encore inventer?

 

Quoi qu’il en soit, c’est un beau film humaniste que nous livre ici Claude Berri à travers ces deux vieillards pétainistes et antisémites qui, par devoir d’humanité, sans demander rien à l’enfant et sans rien savoir de ses origines, l’ont pris en charge comme n’importe quel autre être humain avait le devoir de le faire.

L’Occupation n’a jamais été une période toute en noir et blanc ; ce film est là pour nous le rappeler. D’autres suivront sur la même veine ; on pense en particulier à Monsieur Batignolles.

 

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