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Fouché, Stefan Zweig

28 Juin 2009 Publié dans #Lectures


En 1930, Stefan Zweig fait paraître sa vision du personnage de Joseph Fouché dont il dresse un portrait psychologique à partir des travaux publiés quelques années auparavant par l'historien Louis Madelin, l'un des spécialistes de l'Empire de l'époque.


A travers sa plume, c'est le portrait parfait d'un arriviste que dresse Zweig pour qui Fouché en fut le premier archétype en politique avec Talleyrand: des hommes qui ne croient sérieusement en rien et dont le seul but dans l'existence est d' être toujours du côté des vainqueurs quels qu'ils soient, après avoir humé le vent.
C'est ainsi que, sans état d'âme, avec éclat et après avoir tenté de jouer sur tous les tableaux pour connaître de quel côté pencherait la balance, cet ex-oratorien, issu de la bourgeoisie nantaise, tente de se maintenir dans les sphères du pouvoir.
Girondin modéré, il passe sans hésitation à la Montagne, votant la mort de Louis XVI quand il sent le vent tourner.
Extrêmiste parmi les extrêmistes, auteur du premier écrit communiste de la Révolution, partisan d'une déchristianisation violente et spectaculaire, le "mitrailleur de Lyon" s'arrange toujours pour que cela retombe sur d'autres que lui.
Lorsque Robespierre veut sa tête, Fouché s'agite en coulisses et c'est à lui que Zweig attribue toute la manoeuvre qui devait aboutir à la chute de l'Incorruptible.
Après quelques années de disgrâce, il rentre dans la lumière grâce au thermidorien Barras, membre tout puissant du Directoire qui l'emploie pour sa police personnelle avant de le faire nommer ministre de la Police avec pour missions de faire la chasse à ses anciens amis montagnards et extrêmistes.
Rallié à Bonaparte, rentré d'Egypte, il est parmi les partisans du coup d'Etat du 18-Brumaire qui consolide son poste et fait de lui un ministre quasi-indéboulonnable et couvert de richesses et d'honneur (ne devient-il pas duc d'Otrante?) par les secrets multiples et variés qu'il détient sur les frères et soeurs de l'empereur et leurs turpitudes.
Cependant, les deux hommes ne sont pas dans les meilleurs des termes et Fouché, docile en apparence, agit comme un homme que la fidélite n'étouffe pas.
Napoléon essaye d'ailleurs, par deux fois, en 1802 en le nommant sénateur, puis en 1810, après la découverte des négociations secrètes que celui-ci a entamées avec l'Angleterre, de l'écarter définitivement du pouvoir.
En vain, car, en 1804, puis après la Campagne de Russie, l'ondoyant ministre jugé trop indispensable et trop dangereux pour rester en dehors du gouvernement, retrouve son crédit, bien qu' il cherche en sous-main à préparer l'après-Napoléon.
Arrivé trop tard lors de la première Restauration, il est l'artisan de le seconde sans se rendre compte qu'il signe là son arrêt de mort.

A trop vouloir jouer, à trop penser qu'ayant triomphé de Robespierre et de Napoléon, il est invincible et trop indispensable à ses nouveaux maîtres, il ne voit pas que les monarchistes ne sauraient tolérer longtemps un régicide en leur sein.
Aussi, lâché par Talleyrand, lui-même préoccupé, en vain, de sauver son ministère, il est contraint à l'exil et meurt à Trieste, en 1820.
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