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Macron l'Italien

29 Juin 2017 Publié dans #Articles de réflexion

Agostino Depretis

Relisant l'Histoire de l'Italie écrite par Pierre Milza, je ne puis m'empêcher, en relisant les lignes suivantes, de penser à la situation politique actuelle en France qui puise autant aux sources du césarisme bonapartiste que des unions libérales-conservatrices qui ont pu se souder dans la deuxième moitié du XIXème siècle face au "péril" social et qu'on a baptisé du nom de "transformisme" en Italie.

" Dès son arrivée au pouvoir, Depretis a clairement manifesté son désir de s'engager avec prudence dans la voie du réformisme modéré. L'heure est venue, estime-t-il, de rassembler les "libéraux". Il estime, en effet que, face au double danger de la réaction cléricale et d'une révolution sociale dont les premiers signes ont commencé à se manifester, droite et gauche doivent chercher et trouver un terrain d'entente. Dans son discours électoral d'octobre 1876, il évoque la nécessité d'une "féconde transformation des partis" et invite l'opposition à accepter "l'unification des partis libéraux à la Chambre".

Ainsi se trouve énoncé le principe du "transformisme" (...) Il consiste à assurer au gouvernement un très large appui parlementaire en négociant au préalable avec les dirigeants les plus représentatifs de l'opposition leur insertion dans l'équipe ministérielle. Il n'y aura donc pas alternance au pouvoir d'une majorité et d'une opposition, d'une "droite" et d'une "gauche", mais constitution d'une masse compacte de députés se réclamant du libéralisme, placés dans la clientèle de telle ou telle personnalité politique de poids et aspirant à recevoir un emploi ministériel ou à tirer un avantage quelconque de leur adhésion au système (...)

Le transformisme devait aboutir à faire du Parlement une simple chambre d'enregistrement, les décisions importantes étant prises ailleurs, par les représentants les plus en vue de l'oligarchie dirigeante. Il permettra à quelques fortes personnalités, un Depretis, un Crispi, plus tard un Giolitti, d'exercer une véritable "dictature de fait". Avec lui, la corruption parlementaire entre dans la pratique gouvernementale et, grâce à lui, la classe dominante monopolise un pouvoir qui sert largement ses intérêts. Ce fut, écrira quelques soixante ans plus tard Mario Missiroli, "un phénomène typique de la classe bourgeoise qui choisit de se dissoudre en tant que parti pour garder le pouvoir en tant que classe"".

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