Un Printemps des peuples ?

23 Février 2011 Publié dans #Articles de réflexion

(La barricade rue Soufflot, Horace Vernet)

Février 1848/ février 2011.

Une sorte de Printemps des peuples semble secouer une partie du monde musulman, comme naguère le fut l'Europe chrétienne en février 1848.
Parti de Tunisie, comme jadis le mouvement partit de Paris, il semble se répandre, comme en février 1848, dans tous les Etats autoritaires ou autocratiques de la région, et avoir, comme en février 1848, des causes avant tout économiques (chômage, cherté des aliments, pouvoir confisqué par une minorité), dont on ne sait pas s'il faut attribuer les causes à la seule corruption locale, à la crise internationale, ou aux politiques économiques dictées à l'ensemble des pays de la planète par le FMI.
Toujours est-il que l'on observe tout de même une autre similitude avec février 1848: dans la majorité des cas, les régimes en place, pour ne pas être emportés par la vague, ont fait semblant de céder, comme actuellement en Tunisie, en Egypte (mêmes dirigeants chassant leur "chef" pour se maintenir en place) et faire quelques concessions démocratiques, comme le firent jadis les Européens, pour mieux rétablir l'ordre dans les années qui ont suivi, et il ne faut jamais oublier que, même en France, février 1848 s'est achevé dans le bain de sang des journées de juin et l'élection de Louis-Napoléon Bonaparte à la présidence en décembre.
Certes, l'histoire ne ressert pas les plats, mais on ne peut qu'être frappé par cette similitude d'événements et d'un mois qui ne sont pas sans rappeler ce qui se passa en Europe.

Au milieu de tout cela, d'ailleurs, l'Europe semble étrangement passive, retenant peut-être son souffle par peur de la contagion (n'oublions pas que ça bouge toujours en Grèce) et parce qu'elle n'a pas du tout la conscience tranquille (souvenons-nous de Sarkozy et Kouchner, mais aussi de Berlusconi recevant en grandes pompes leur "ami" Khadafi dont ils nous garantissaient la respectabilité, ahem ...).
De plus, la situation économique chez nous est loin d'être florissante et une flambée des cours du pétrole qui est aujourd'hui aux Européens ce que le pain fut jadis à leurs ancêtres - un élément indispensable à la vie de tous les jours - pourrait très bien aboutir à quelques mouvements sporadiques dans certains pays sur notre continent.
D'ailleurs, c'est peut-être là un des paradoxes de la situation, c'est l'absence de réaction des populations européennes pour l'instant alors qu'il y aurait toutes les raisons du monde pour que ces mouvements populaires la gagnent, mais il est vrai que, pour cela, il faudrait quelque chose qui n'existe plus sur notre continent: l'espoir !
Les Tunisiens, les Egyptiens, les Libyens se soulèvent parce qu'ils sont mus par l'espoir d'une vie meilleure; les Européens ne bougent pas parce qu'ils ne croient plus en une vie meilleure.

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