Le cercle des poètes disparus
29 Septembre 2007 Publié dans #Cinéma d'hier et d'aujourd'hui
En 1989, Peter Weir sortait ce film (Dead Poets Society, en anglais) qui allait marquer toute une génération de lycéens qui fut la mienne et obtenir l'oscar du meilleur scénario original.
A la croisée entre la poésie romantique, celle de Whitman et le transcendantalisme de Thoreau, Weir nous invitait, sous les traits du professeur de lettres Keating (Robin Williams), à cueillir le jour présent (Carpe diem), "sucer la moëlle de la vie", pour reprendre une expression de Thoreau et remettre en cause certaines conventions.
L'année choisie (1959), et le lieu (l'Académie Welton, engoncée dans ses traditions et fréquentée par les enfants de la bonne société) lui permettent ainsi de peindre, quoique de façon différente par rapport à la Fureur de vivre, cette "rupture" de génération qui se produit avec celle qui a vécu la guerre, son conformisme et sa vision du monde.
Sauf qu'ici, l'autorité paternelle se fait pesante, tellement pesante même qu'elle aboutit à une impasse et au drame final: en apparence soumis, Neil Perry (Robert Sean Leonard) qui, contre cette volonté, s'est voué au théâtre et joue même le rôle de Puck dans le Songe d'une nuit d'été, se réfugie dans cette forme de refus suprême qu'est le suicide pour échapper au destin qu'on lui prépare (médecin) après que son père a refusé toute discussion.
Suite à cette disparition tragique, une enquête est ouverte où Keating, tenu pour responsable tant par la famille que par l'institution, incapables de se remettre en cause, est lâchement dénoncé par l'un des membres du Cercle des poètes disparus qui pense ainsi sauver sa peau.
A l'opposé figure le personnage de Todd Anderson, joué par Ethan Hawke et qui m'avait tant impressionné quand je vis le film la première fois.
Garçon timide, introverti, délaissé par ses parents qui lui offrent deux années de suite le même nécessaire de bureau en cadeau d'anniversaire, il recèle en lui cette force que, bien à tort, l'on ne soupçonne jamais chez les personnes que l'on juge un peu trop vite fragiles, ainsi qu'une grande richesse intérieure que Keating va lui révéler.
C'est lui qui, montant sur sa table, provoque cette désobéissance civile (dont Thoreau fut l'inventeur, par parenthèse) qu'est le salut final à Keating, lançant le fameux: "O Capitaine, mon capitaine!", extrait d'un poème de Whitman faisant référence à la mort de Lincoln et qui servait aussi à Keating pour se faire interpeller.
De même, la réaction qu'il a lorsqu'il apprend la mort de Neil laisse supposer qu'il entretenait, peut-être des liens plus qu'amicaux avec ce dernier. En effet, Puck n'est-il pas le pendant, dans la mythologie irlandaise médiévale du dieu Pan qui fut l'amant du berger Daphnis? (petit clin d'oeil du réalisateur à un sujet tabou, l'homosexualité de Whitman?).
A noter que l'on doit la musique du film à Maurice Jarre.
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