Sarko fait son Pétain
En 1940, il s'agissait de s'en prendre à l'esprit de 1936 et au Front Populaire accusés d'être responsables de tous les maux de la France: paresse, délinquance, défaite ... On invitait les Français à retrouver les valeurs morales sous la triple bannière du Maréchal Pétain, de la Révolution Nationale et de la devise: " Travail, famille, patrie" et à prendre leur revanche sur cette période.
"Notre défaite est venue de nos relâchements. L'esprit de jouissance détruit ce que l'esprit de sacrifice a édifié. C'est à un redressement intellectuel et moral que, d'abord, je vous convie. Français, vous l'accomplirez et vous verrez, je le jure, une France neuve surgir de votre ferveur." disait le Maréchal le 25 juin 1940.
Hier, le petit Maréchal de la droite, Sarkozy, a fait de même, accusant, cette fois-ci mai 1968, déclarant clairement son but, lancer une croisade contre les idées de cette époque accusée d'avoir contaminé la société toute entière: ""Dans cette élection, il s'agit de savoir si l'héritage de mai 68 doit être perpétué ou s'il doit être liquidé une bonne fois pour toutes", "Je propose aux Français de rompre réellement avec l'esprit, avec les comportements, avec les idées de mai 68, (...) de rompre réellement avec le cynisme de mai 68"
"la morale, après 1968, on ne pouvait plus en parler, c'était donc un mot qui avait disparu du vocabulaire politique. Eh bien pour la première fois depuis des décennies, la morale a été au coeur d'une campagne présidentielle"
"mai 1968 nous avait imposé le relativisme intellectuel et moral". (çà, c'est direct copié/collé d'un discours du très progressiste Benoit XVI).
"Les héritiers de mai 68 avaient imposé l'idée que tout se valait, qu'il n'y avait donc désormais aucune différence entre le bien et le mal, aucune différence entre le vrai et le faux, entre le beau et le laid. Ils avaient cherché à faire croire que l'élève valait le maître, qu'il ne fallait pas mettre de notes pour ne pas traumatiser les mauvais élèves, et que surtout il ne fallait pas de classement. Que la victime comptait moins que le délinquant"
Fustigeant ces "héritiers de mai 68", il les a accusés d'avoir "cherché à faire croire qu'il ne pouvait exister aucune hiérarchie des valeurs".
"Il n'y avait plus de valeurs, plus de hiérarchie, ils avaient réussi. Il n'y avait plus rien du tout, et eux-mêmes, c'était pas grand chose"
A toutes fins utiles, rappelons à Monsieur Sarkozy que mai 68, c'était il y a ... presque 40 ans !!!! que vouloir prendre une revanche contre cette époque n'a aucun sens, que ce qu'il dénonce n'existe plus depuis bien longtemps, sauf dans son imagination, que vouloir réimposer la morale d'avant 68, c'est complétement débile. C'est comme si, en 1800 on avait essayé de réimposer la morale de 1760 !
Monsieur Sarkozy remet-il aussi en cause la Nouvelle Société de Chaban-Delmas qui avait essayé de décoincer la France après mai 1968? Les progrès des droits des femmes? la légalisation de l'avortement? la fin de la législation criminalisant l'homosexualité? (parce que, tout cela, c'est bien le résultat du prétendu relativisme moral qu'il dénonce).
Monsieur Sarkozy, heureusement que la société a évolué, que les valeurs morales ont évolué, sinon, quel serait aujoud'hui le statut des homosexuels dans notre société si les valeurs morales d'avant mai 1968 n'avaient pas varié jusqu'à ce jour?
Enfin, vous qui vous tarquez d'histoire, Monsieur Sarkozy, ignorez-vous à ce point que "mai 1968" fut un mouvement planétaire qui toucha aussi bien les Etats-Unis ou l'Allemagne que la France à une période où, dans aucun de ces pays, la gauche n'était au pouvoir et que mai 1968 pourrait bien être, par conséquent, la faute de la droite !
Non, Monsieur Sarkozy, nous ne voulons plus de la France de gros Nounours à la télévision et de l'accordéon d'Yvette Horner et oui, il serait peut-être temps d'enfermer Johnny Hallyday en cage à Médrano.