Petit extrait d'écriture
29 Avril 2007 , Rédigé par Moi Publié dans #Quand je fais un effort pour écrire - cela donne...
Car la mort est un puissant instrument à qui sait en user : elle détourne la colère en donnant des responsables en pâture à qui en réclame, elle offre le spectacle de la haine se communiquant au troupeau moutonnant, elle fait vivre le peuple dans une tension permanente de suspicion et de méfiance. Dans son grand mouvement enveloppant, la terreur appelle la terreur en vengeresse, cercle vicieux de la vertu érigée en déesse morale et invincible. Toutes les révolutions ont toujours fonctionnées ainsi, chaque fois qu’elles ont prétendu vouloir régénérer les peuples ; le sang, la mort, la haine sont les instruments de ces expiations laïques où les corps physiques remplacent les corps mystiques, où la chair remplace le pain. Encore qu’à ce stade des révolutions le corps physique ne soit plus perçu en soi, réduit qu’il est à un principe : privilèges, aristocratie, ennemis, affameurs du peuple, complices des tyrans …Triste époque où la bêtise, la certitude de détenir la vérité contre un adversaire qui n’a pas droit d’avoir un avis différent, le besoin de se sauver soi-même firent oublier que derrière chaque principe il y a un homme et que derrière chaque homme il y a un individu et que l’en guillotinant un principe, l’on tuait aussi un humain.
Fallait-il donc que l’on haïsse son prochain d’une si grande haine pour oublier qu’il était aussi de chair et de sang, mortel et animé de sentiments ? Fallait-il donc qu’on haïsse tant pour oublier jusqu’à la moindre notion d’humanité ? Fallait-il donc avoir les yeux tant fascinés pour ne pas voir la monstruosité de ces actes ? Où fallait-il donc que le peuple soit si enfant que de ne pas voir la souffrance de l’autre ou que de s’en réjouir en en rigolant ouvertement comme à un spectacle comique ? Ou bien fallait-il encore que le peuple ait subi des frustrations telles qu’elles ne purent s’exprimer qu’ainsi ?
Enfin, quelle fut la part de conviction profonde dans ces actes et celle de l’opportunisme et du sadisme le plus ordinaire ? Personne ne saura jamais le dire, non plus que la part, dans ce peuple, des gens qui haïssaient ces spectacles affreux et plaignaient sincèrement les victimes.
Les révolutions ont cela de pratique que personne ne sait qui de la foule hurlant ou de celle qui réprouve en silence est la plus nombreuse, la masse hurlante ayant tendance à se présenter comme la seule expression véritable de l’opinion publique.
Copyright Historianman
Ceci est un extrait de ce que j'ai pu écrire récemment dans cette espèce de roman que j'essaye désespérément de continuer tant bien que mal, sans savoir encore nettement où je vais ni si j'arriverais au bout, ni avec quelle matière. Enfin, bref ....
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