Le roi des manifs a été tué

24 Décembre 2013 Publié dans #Quelques événements de 1913

Le chanteur Harry Fragson a été tué le 30 décembre 1913 au soir, par son propre père, un vieillard de 83 ans, en leur domicile du 56 rue Lafayette.

Fragson, qui venait de dîner avec des amis et sa maîtresse avant de se rendre à son spectacle de l'Alhambra, était repassé chez lui pour changer de costume.

A partir de là, on se perd en conjectures: le geste du père était-il prémédité ? Une querelle a-t-elle éclaté suite à la lenteur du vieil homme à venir ôter le loquet de la porte ? A-t-il menacé de se suicider avant de retourner l'arme contre son fils parce que celui-ci, indifférent à ce chantage, lui avait ostensiblement tourné le dos ? Se sont-ils querellés une nouvelle fois à propos de Mlle Paulette, la maîtresse de Fragson qui vivait avec eux depuis six mois ?

Personne ne le sait et le père de Fragson, à la santé bien diminuée (certains ont même parlé de sénilité), devait emporter les raisons de son geste dans sa tombe, puisqu'il mourut dès le 17 février 1914 à la prison de Fresnes.

Du reste, rien n'est vraiment clair à propos de ce chanteur, bien oublié aujourd'hui alors que ses obsèques furent l'occasion d'une foule monstre et de débordements divers, né sans doute en Angleterre en 1869: ni son vrai nom, ni la façon dont a débuté et s'est déroulée une partie de sa carrière, ni l'endroit réel où se trouvent aujourd'hui ses restes (Cimetière Montmartre ou le Columbarium du Père Lachaise où une plaque à son nom figure aux côtés de celles de son père et de sa mère ?)

Peu importe du reste, puisque Fragson reste, même si c'est à son corps défendant, le roi des manifs où l'on a souvent l'habitude de reprendre, en la parodiant, l'une de ses chansons.

Barbara qui reprit quelques-unes de ses chansons, lui en dédia aussi une, sans doute par référence au style du chanteur qui avait l'habitude de s'installer au piano durant ses concerts, tout en se tournant vers la salle pour lui miner et jouer les scènes qu'il chantait.