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Le nouveau président de la République

26 Janvier 2013 Publié dans #Quelques événements de 1913

http://upload.wikimedia.org/wikipedia/commons/6/65/Raymond_Poincar%C3%A9_1914.jpg

 

Raymond Poincaré, dont Jean Jaurès attribue l'élection à la revanche de la Chambre, favorable à la proportionnelle contre les radicaux-socialistes du Sénat, menés par Combes et Clémenceau, farouchement contre, est né à Bar-le-Duc, il y a 52 années, bientôt 53. Fils d'un ingénieur des Ponts et Chaussées et cousin du célèbre mathématicien Henri Poincaré, cet avocat de formation, élu député de la Meuse en 1887 (il en sera sénateur à partir de 1903), voit sa carrière politique décoller au début des années 1890, suite au scandale de Panama qui provoque momentanément l'émergence de nouvelles têtes politiques. Il obtient son premier poste ministériel à 33 ans, à l'Instruction publique en 1893, poste qu'il retrouve en 1895 après avoir été, entre-temps, ministre des finances.

Républicain modéré, il se tient éloigné des postes ministériels durant la période où le Bloc des gauches domine la vie politique avec Waldeck-Rousseau puis surtout Emile Combes avant de redevenir ministre des finances en 1906 dans le cabinet Sarrien et d'être élu à l'Académie française en 1909. Ce sont les suites de l'affaire d'Agadir qui le propulsent à la présidence du Conseil et au ministère des affaires étrangères en janvier 1912.

La presse qui, en général, salue cette élection, ne tarit pas d'éloges sur le nouvel élu et n'est pas avare en anecdotes diverses et variées, comme celles du 18 janvier 1913 du Petit Parisien:

on y apprend, entre autres, que le grand-père Ficatier "se consolait de ses loisirs forcés en apprivoisant des marcassins dont il prisait fort la société et qu'il promenait à tour de rôle dans la rue de Nève, - ce qui faisait la joie des galopins, causait l'effroi des servantes et lui attirait les regards sévères autant que désapprobateurs des dames d'âge respectable" ( se pourrait-il qu'il ait croisé la route de Christine Boutin ?) et que le président lui-même, est un grand ami des animaux: "Plus tard, alors qu'il suivait les cours de seconde, Raymond ne se levait guère de sa table de travail sans parler à son favori, un perroquet qu'il avait appelé Raymond, comme lui, et dont il avait entrepris de faire l'instruction (...) Cette sollicitude pour les animaux ne s'est pas atténuée. Au contraire. Elle s'affirme presque tous les jours, chaque fois que l'occasion s'en présente. Le chat, le chien, les oiseaux, voire les écureuils, ont toujours tenu une place importante dans la maison de M. Poincaré". On nous dit même qu'ayant appris que la centaine de poissons rouges qu'il avait fait envoyer à son frère pour agrémenter le bassin de sa propriété dépérissant, le futur président vola à leur secours et fit modifier leur alimentation ce qui les sauva. Qu'on se le dise, chez les Poincaré, on semble ne pas avoir attendu Brigitte Bardot pour se préoccuper du sort des animaux.
Plus étrange encore, on y lit cette révélation: "Tout en faisant son devoir, le soldat Poincaré, devenu bien vite caporal, trouvait le moyen d'envoyer des articles aux journaux lorrains, d'écrire, sous un pseudonyme féminin, un roman qui fut alors très remarqué et de continuer à interpréter les textes de la jurisprudence et des lois". Je ne sais toutefois sous quel nom ce roman parut ni ce qu'il contenait; la bibliographie du président sur Wikipedia ne le mentionne pas.

 

C'est le 18 février que Monsieur Poincaré prend ses fonctions officielles. Le président, accompagné du président du Conseil Aristide Briand et escorté par le 1er cuirassiers dans un carrosse de gala, part de son hôtel, rue du Commandant-Marchand pour gagner l'Elysée par les avenues Malakoff, du Bois-de-Boulogne, des Champs-Elysées et Marigny où un bataillon lui rend les honneurs, tandis que, depuis les Invalides, retentissent 21 coups de canon. C'est dans le grand salon d'honneur, en présence des membres du gouvernement, des présidents des deux assemblées et de divers autres personnalités qu'a lieu la passation de pouvoir et la remise de la plaque et du cordon de grand'croix de la Légion d'honneur par son grand chancelier, le général Florentin.

Les deux présidents, le sortant Armand Fallières, et le nouveau se rendent ensuite à l'Hôtel-de-Ville où une réception est prévue en leur honneur et où ils retrouveront, entre autres, l'ancien président Loubet. A cette occasion, Monsieur Poincaré remit à la ville une somme de 20 000 francs pour ses pauvres.

Après les cérémonies officielles, sur les sept heures du soir, le président s'est rendu à l'hôpital militaire Saint-Martin, au chevet des sapeurs-pompiers blessés lors de l'incendie de la cité Lesage-Bullourde.

 

Monsieur Poincaré a choisi Adolphe Pichon qui était déjà son chef de cabinet à la présidence du Conseil comme secrétaire général de sa maison civile; en outre, ayant rétabli la fonction de secrétaire général à la maison militaire, supprimée par Monsieur Fallières, il y a nommé le général Antoine Beaudemoulin, un cavalier de Saint-Cyr, général depuis 1911 et commandant la 2ème brigade de dragons d'Epernay. Monsieur Marcel Gras complète le dispositif comme chef du secrétariat particulier, tandis que le lieutenant-colonel de gendarmerie Jouffroy est désigné comme commandant militaire du palais.

 

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