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On ne sait plus où on en est

29 Mai 2008 Publié dans #C'est juste mon avis

C'est ce que déjà écrivait dans le Monde Eric Fassin, en avril 2007:

" A force de dire tout et l'inverse de tout, Nicolas Sarkozy parvient à son but : on ne sait plus où on en est (...) La rhétorique de Nicolas Sarkozy participe ainsi d'une politique d'affolement, au même titre que son agitation tourbillonnante et sa fébrilité vibrionnante. En ne respectant jamais le principe de non-contradiction, le candidat rend la contradiction impossible : comment s'opposer à lui quand il dit tout et son contraire ? Le discours politique n'a plus aucun sens, et toute réponse, critique ou solution alternative, est piégée d'avance - récupérée et discréditée par la logorrhée du candidat".

C'est exactement ce qui se passe encore actuellement sur les 35h; alors que Copé proclamait, il y a quelques jours: "L'UMP demande avec force le demantèlement définitif des 35h, et que la durée du travail soit contractuelle, entreprise par entreprise", le président s'employait à démentir.
Or Xavier Bertrand nous joue aujourd'hui le grand écart: la durée légale est de 35h, mais en fait, Copé a raison aussi, la durée du travail sera contractuelle entreprise par entreprise où on pourra remettre en cause les 35h et travailler plus (on imagine derrière les chantages au licenciements et aux délocalisations pour forcer la main des salariés).
C'est là toute la force du sarkosisme: jouer sur la confusion créée, donner l'impression de satisfaire tout le monde (on garde les 35h, mais en fait, les gens peuvent les liquider eux-mêmes, peu importe si c'est sous la contrainte de leur patron) tout en visant clairement à l'extinction des 35h qui est le but ultime de la démarche en négociant à l'échelon où les salariés ne sont pas en état de résister donc se trouvent en position de faiblesse, celui de l'entreprise.

Pourtant, si l'on part du principe:

1) que tous les hommes sont égaux en droits
2) que la loi est la même pour tous
3) que la Nation doit garantir à tous le repos et le loisir,

on ne peut que rejeter l'idée que contractuellement des hommes pourraient aliéner une partie de leurs droits et de leur liberté pour sauver leur emploi en acceptant d'obéir à une règle qui ferait que la loi ne serait plus la même pour tous et qu'ils n'auraient pas droit au mêmes temps de travail, aux mêmes temps de repos, aux mêmes temps de loisirs suivant l'endroit où ils travaillent et même s'ils bossent dans le même secteur d'activité.
C'est là une remise en cause de principes qui fondent notre démocratie.

Pourtant, pendant ce temps, la Vierge néo-pétainiste et Nicolas-Bertrand Sarkonoé qui, dans le fond, sont peut-être d'accords sans le dire pour que disparaissent les 35 heures, se gardent bien de trop faire monter la sauce et se retrouvent, encore une fois à faire le lit du sarkosisme et à cautionner le confusionisme qu'il entretient par leur silence qui donne l'impression que Nicolas a toujours raison et qu'ils ne sont pas de taille à détruire son discours. Seul François Hollande a essayé de réagir; bref, pas de quoi donner envie de voter PS qui est décidément, un parti de gens essouflés et sans idées.

Sur ce plan_là aussi la France traverse une sacrée crise.

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H
Je partage ton analyse, mon cher Jerem, mais là où je diverge c'est quant au vote socialiste.A un certain moment il faut savoir passer outre les gens qui représentent et voter pour ce qui est représenté, même très imparfaitement.C'est un moindre mal.
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S
Dans vingt ans, peux pas, serai trop occupé à livrer des pizzas en mobylette pour compléter ma maigre retraite...
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L
J'avais une petite invitation pour me rendre à la " sauterie " de la mutualité et à une réception à lhotel de ville de paris qui suivait ce débat et j'avoue ne pas y être allé;;;simplement parce que tout cela ne me forge plus d'idéal et que la pensée socialiste s'enfonce dans un brouhaha totalement inexpressif..on en reparle dans une vingtaine d'années....
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