Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog

Pax Romana (texte satirique)

15 Décembre 2008 Publié dans #C'est juste mon avis


Ah mânes d'Aristide Briand, ah nations fondues en de grandes organisations telles la SDN puis l'ONU, le Conseil de l'Europe et autres unions européennes, combien moult mieux que le concert des nations du XIXè vous assurâtes la paix au XXè et mirent fin à l'exploitation de l'homme par l'homme.

Que de crimes, que de guerres, que de sévices coloniaux et de guerres coloniales évités par votre intermédiaire.
La vertueuse Albion fit du Moyen-Orient un paradis sur terre, comme bien on le voit encore aujourd'hui et offrit des fleurs aux Irlandais pour leur indépendance, tant le Peace Flower était à la mode en 1922.
Ayant reçu mandat de la SDN, c'est donc tout naturellement pour faire valoir la décision du globiboulga international que la France bombarda Damas en 1923 pour imposer son mandat en Syrie; qui oserait juger ces massacres illégitimes alors que nous agissions au nom du droit fixé internationalement ?
oui, ok, l'Italie prit bien quelques villes sur la côte Dalmate, Atatürk se frita bien avec les Grecs au sujet des décisions prises internationalement, mais ce ne furent là que broutilles qu'au nom de la paix on se garda bien de remuer. Puisqu'on s'était juré de faire du XXè siècle un siècle de paix grâce à la coopération internationale, pourquoi donc se serait-on entichés de conflits qui auraient prouvé que l'on ne faisait pas mieux que l'hideux XIXè siècle?
Ainsi la grande et pacifique Allemagne devenue nazie fut arrêtée par le globiboulga international; elle ne commit donc aucun génocide, ni celui des juifs, ni celui des Tsiganes, ou si elle en commit, personne n'en entendit jamais parler.
Le grand camarade Staline avait, dit-on, tellement peur de l'Internationale des nations unies qu'il renonça à massacrer les vils traîtres qui sabotaient le communisme.
Quant au grand Japon, c'est par un geste désintéressé qu'il envahit la Chine pour créer la Mandchourie et non par volonté coloniale (on ne parlera point, bien sûr, du Duce qui se jeta sur l'Ethiopie car personne ne sait où ce pays se situe sur une carte).
Après 1945, la rivalité Etats-Unis/URSS et leur domination sur le monde n'est qu'une vue de l'esprit; dans sa volonté d'assurer paix, liberté et prospérité au monde, l'un fit du Chili un pays de golden boys sous l'égide du gentil Pinochet, un saint homme qui retrouva la capacité de marcher à la fin de sa vie grâce à une certaine M. Thatcher (normal, il avait tellement ressuscité de monde au cours de sa vie, y compris son prédécesseur Alliende, qu'il fallait bien qu'un jour le miracle le touchât) et l'autre ne réprima point les insurrections hongroises de 1956 et le Printemps de Prague de 1968 parce qu'il eût considéré cela comme indigne de sa grandeur et susceptible de faire fondre sur lui les foudres internationales.
Les habitants de Berlin-est étaient tellement libres qu'on ne jugea même pas utile, en 1961, de les empêcher de fuir par un mur.
Certes, certes, le globiboulga unissant les nations aurait pu intervenir mais l'idéologie de la paix était tellement ancrée en eux qu'ils préférèrent laisser faire pour lâchement acheter une paix qu'ils prétendent avoir maintenue en Europe et dans le monde bien mieux qu'au XIXè siècle, siècle des nations barbares et sanguinaires.
Il faut dire à leur décharge qu'ils n'étaient point maîtres de leur destin et que s'ils furent maintenus en paix durant la deuxième partie du XXè siècle ce n'est que par l'équilibre de la terreur qu'instituèrent les Etats-unis et URSS afin de les empêcher de remuer et de commettre les mêmes sottises que celles qu'ils avaient commises avant 1945.
Eux-mêmes d'ailleurs et leurs idéologies libérèrent le monde; Les Etats-Unis, en signe d'amitié avec le Japon, larguèrent des millions de roses sur Hiroshima et Nagasaki et les émules du stalinisme appelés Khmers rouges rendirent service, grâce au globiboulga international toujours vigilant au maintien de la paix et de la prospérité dans le monde, à des milliers de Cambodgiens qui souffraient de la malnutrition: ils les éliminèrent pour leur épargner de cruelles souffrances.
Du reste, les deux Grands étaient trop habiles pour, au contraire des nations du XIXè siècle, se battre par petits pays interposés; cela eût nui à la paix: la Corée fut donc divisée en deux et l'on y guerroya à l'insu de leur plein gré et beaucoup sont persuadés que les événements du Viet-Nam sont légendaires et le napalm un nectar béni des dieux que l'on buvait dans ce paradis-ci; on dit même qu'un certain John Mc Cain visitant ce paradis est devenu un héros (bénis soient vraiment les dieux!).
Aujourd'hui, bien entendu, depuis que l'URSS a disparu, tout va encore mieux: l'Irak est un pays beaucoup plus libre que sous Saddam: la preuve: avant on y massacrait les Kurdes, maintenant on y massacre que les Chrétiens (on notera le progrès), ethnie dont les nations unies se foutent comme de leur première dent.
L'Afrique a retrouvé la liberté; c'est même le continent le plus démocratique de la planète grâce au globiboulga international qui a décidé de ne plus intervenir sur ce continent pour le coloniser: c'est ainsi qu'Elf est présent en Afrique uniquement à titre humanitaire et que la Chine aide le Soudan, par pur soucis hygiénique,à se débarrasser de quelques déchets qui polluaient le Darfour.
Le Pakistan, l'Afghanistan sont, de leur côté, des endroits où les nations unies ne sont présentes que pour lutter contre le terrorisme; on aurait tort de leur prêter quelque arrière-pensée néo-coloniale.
Enfin, je ne terminerai pas sans saluer les grands efforts faits par nos Occidentaux pour libérer la femme: afin d'éviter les convoitises diverses que ces "salopes" indécentes inspirent aux hommes, surtout dans les pays du Moyen-Orient, ils permirent à l'Arabie Saoudite de cacher entièrement ces femmes sous de grands draps appelés burka et leur interdirent tout un tas d'activités futiles et lubriques comme conduire une voiture par exemple; et si jamais l'une d'elle commet malgré tout une faute, on la lapide promptement avec la complicité des nations unies.

Finalement, la seule chose qui est incompréhensible dans ce radieux XXè beaucoup plus paisible que le XIXè grâce au nations unies, c'est que l'on soit encore obligé de porter des sacs de riz sur le dos pour nourrir des populations victimes de ... de quoi déjà? la guerre?

PS: Pierre et Gilles pour l'illustration.

Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article
H
Dérision grinçante et tellement juste.Un bien beau, parce que bien nécesaire, billet mon cher jérem.
Répondre