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Ce que les Jo doivent aux Nazis

20 Décembre 2008 Publié dans #Quelques articles historiques

Dans son ouvrage Le national-socialisme et l'Antiquité, Johann Chapoutot, dans un passage consacré aux JO de Berlin de 1936, rappelle ce que les JO doivent aux Nazis.

En effet, si la flamme olympique fut allumée pour la première fois en 1928 à Amsterdam, l'idée de le faire en Grèce et de lui faire parcourir un relais jusqu'au lieu final revient notamment à un ancien officier allemand, Carl Diem, promu secrétaire général du Comité organisateur des JO de Berlin sous la direction du Reichssportführer Hans von Tschammer und Osten.
Le but de Diem, selon ses propres propos de l'époque était, par ce relais reliant physiquement Olympie à Berlin, de mettre en scène métaphoriquement le lien direct entre hellénité et germanité (les Nazis considéraient les Grecs comme une émanation de la race indogermanique) et le passage de témoin entre les civilisations grecque et nazie.

L'idée du relais olympique, soutenue vigoureusement par Goebbels, est approuvée par le CIO le 18 mai 1934; l'un de ses membres, Jean Ketseas, ami de Diem, propose même que l'on allume le feu à Olympie à l'antique, avec un miroir concave concentrant les rayons du soleil, selon le rite décrit par Plutarque dans sa Vie de Numa Pompilius, tandis que la firme Krupp fabrique les flambeaux à l'antique en acier V2A-Nirostal qui serviront pour le relais.
L'allumage de la flamme a finalement lieu à Olympie le 20 juillet 1936, devant les caméras de Leni Riefenstahl qui décide de faire à nouveau tourner la scène pour en éliminer tous les éléments parasites qui viendraient troubler le caractère éminement antique de la cérémonie.
Quant-à la symbolique du feu, elle n'est pas sans rappeler la figure de Prométhée que Mein Kampf érigeait en métaphore de l'Aryen décrit comme un prométhée de l'humanité et qui allait se matérialiser, en 1937, sous la forme de la statue, die Partei, sculptée par Breker et qui prit place à l'entrée de la Chancellerie du Reich.



Aujourd'hui encore, sans que cela se sache forcément, c'est donc à un rituel inventé par les Nazis que l'on sacrifie lors de l'allumage de la flamme à Olympie et à son relais jusqu'à la ville olympique, cruelle ironie de l'histoire qui continue à célébrer inconsciemment le mythe de "l'aryanité" qui façonna le monde à sa mesure.

Les JO furent l'occasion par ailleurs, pour les Nazis de mettre en avant les conditions de réalisation de l'homme nouveau que souhaitait le régime, cet homme complet où le corps refléte l'âme et l'esprit et que le sport devait façonner. Hitler invita d'ailleurs, en 1938, les jeunes gens à prendre comme modèle la statue du Discobole Lancelotti qu'il considérait comme le modèle du canon esthétique de la race nordique: " Puissiez-vous y trouver un étalon de mesure pour les tâches et les réalisations de notre temps. Puissiez-vous tous tendre vers le beau et le sublime pour que notre peuple et notre art soutiennent également le regard critique des millénaires".



L'homme qui fut chargé, pour les JO, d'être le dernier porteur de la flamme et donc d'être le reflet de ce modèle parfait fut l'athlète Fritz Schilgen.

NB: Concernant la légende d'Hitler refusant de saluer Owens, voici ce qu'en dit dans son livre, Jesse Owens and the Olympics Myth of 1936, Richard Shenkman, professeur d'histoire à la George Mason University, responsable du site History News Network et plus ou moins lié aux libertariens:

'Les faits sont simples. Hitler ne salua pas Owens, mais ce jour-là, il ne salua personne d'autres, même pas les vainqueurs allemands.
En fait, Hitler ne salua personne après le premier jour de la compétition. Ce jour-là, il avait serré uniquement la main de tous les vainqueurs germaniques ce qui jetta un trouble certain chez les membres du Comité olympique. Il lui expliquérent que pour maintenir la neutralité olympique, il devrait, à l'avenir, ou saluer tout le monde ou personne.

Hitler a bien "snobé" un athlète noir américain, mais c'était Cornelius Johnson, non Jesse Owens. Cela arriva le premier jour du meeting. Juste avant que Johnson ne soit décoré, Hitler quitta le stade.
Un porte-parole nazi expliqua que la sortie d'Hitler avait été pré-programmée, mais personne n'y cru".

En 1972, Owens devait perfidement faire remarquer que Roosevelt lui-même, ne lui serra jamais la main et ne le reçut jamais à la Maison-Blanche. En 1984, la veuve de Jesse Owens déclara que son mari avait été plus respecté par les autorités nazies que par les dirigeants de sa propre équipe nationale. ici, ouverture des JO (on remarque que la délégation française utilise le salut olympique si ambigu, contrairement aux nations anglo-saxonnes qui ne l'exécutent pas):
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