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Les conséquences du quinquennat

27 Avril 2007 , Rédigé par Moi Publié dans #C'est juste mon avis

Le quinquennat, d'une part, le renversement du sens des élections: présidentielles d'abord, législatives ensuite; l'alignement du mandat présidentiel sur celui de l'Assemblée, ont contribué à dénaturer encore un peu plus l'équilibre des pouvoirs dans la 5è République.


Désormais, pendant 5 ans, le président de la République, appuyé sur une majorité qui peut être écrasante - surtout si, comme en  2002, les sympatisants du camp adverse se réfugient dans l'abstention par suite de leur défaite aux présidentielles, et laissent ainsi naître de nouvelles chambres introuvables portées à tous les excès et surtout réduites à être les béni-oui-oui du gouvernement en toute circonstance - , exercera un pouvoir quasi absolu.

En effet, ces réformes, dont on n'a pas mesuré les conséquences (où étaient les Français le jour du referendum sur la question? Perso, j'ai voté non) ont contribué à une hyper présidentialisation de notre régime politique, établissant ainsi une démocratie totalitaire car, pendant 5 ans, le président et son parti détiennent la totalité du pouvoir sans contrepoids démocratique réel, même pas judiciaire puisque le président est devenu judiciairement intouchable et que l'on voit mal les députés de son propre bord le traduisant en Haute Cour de Justice. De même, si l'on peut constater l'empêchement d'un président à exercer, cela ne se peut que par le Conseil Constitutionnel, à la majorité de ses membres, à condition d'être saisi par (et uniquement par) ... le gouvernement ! autant dire que çà n'arrivera jamais.

On a cru fonder une démocratie à l'étatsunienne; on avait juste oublié que le Parlement français n'est pas le Congrès américain, et qu'un député ou un sénateur français, a moins de poids et de pouvoir que son homologue d'Outre-Atlantique où le président est sans cesse à négocier, y compris avec son propre camp, pour imposer ses vues.

Le risque, en France, c'est la monarchisation que nous avons déjà vécue ces cinq dernières années, notamment pendant les 3 ans du règne de Raffarin comme premier ministre, où, sur tous les sujets, accompagné de son acolyte Fillon (lequel serait pressenti pour devenir premier ministre de Sarkozy), sur les retraites, sur l'école, il est passé en force, sûr de l'appui de sa majorité derrière lui en divisant et en opposant les Français les uns contre les autres (En montrant du doigt les retraites des fonctionnaires, avec la complicité des médias, on obtenait l'appui de l'opinion publique, ce qui permettait de masquer la dégradation des retraites des salariés du privé qui se réalisait dans le même temps), et, si De Villepin a cédé sur le CPE, c'est parce que sa majorité, pour une fois, a fait pression, sinon, il serait passé en force malgré la rue.

De fait, dans ce type de régime monarchique, il est tentant, en effet, pour un président, de vouloir réduire l'opposition à rien, notamment en contrôlant les médias par copinage ou pressions diverses, comme l'a fait Berlusconi en Italie et d'empêcher l'opposition de s'y rendre audible pour donner l'impression qu'elle n'existe pas ou est incapable de se faire entendre. N'avons-nous pas déjà vécu cela ces 5 dernières années?

Le risque est encore plus grand lorsque le président s'appuie, comme ce sera le cas si Sarkozy est élu, sur un seul parti capable d'obtenir, à lui seul, la majorité absolue, et, objectivement, c'est ce à quoi vise le découpage des circonscriptions qui est l'oeuvre de Charles Pasqua durant la première cohabitation, alors que Ségo, pas du tout avantagée par ce découpage, devra s'appuyer sur une majorité composite pour pouvoir gouverner car le PS a fort peu de chances d'être majoritaire absolu (j'ouvre une parenthèse pour signaler, au passage, qu'elle n'est pas hostile à des ministres centristes dans son gouvernement, ce qui après tout, pourrait constituer la victoire de ce que l'on a appelé, au cours de l'histoire, le Tiers-Parti, celui du vouloir travailler ensemble à la réconciliation nationale, comme, par ex, sous le règne d'Henri IV, où, relayé par le monarque, il impose l'édit de Nantes aux deux camps qui se déchirent).

Le mieux que l'on puisse faire, le 6 mai, c'est de voter pour ceux qui proposent de réviser nos institutions pour essayer de les rééquilibrer.

 

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A
C’est vrai, voilà encore une bonne raison pour voter Royale le 6 mai. <br /> Je te félicite pour cet exposé édifiant, on sent le prof d’histoire et d’éducation civique ;-)
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